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LCD Soundsystem, Pixies, PJ Harvey, Zaho de Sagazan, Baxter Dury - festival Rock en Seine - 25 août 2024

 




Le rock ne paie plus. Le festival Rock en Seine a beau balancer ce qui est pour moi la plus belle affiche de son histoire pour la seule journée du 25 août, ce n'est pas suffisant pour afficher complet. LCD Soundsystem, PJ Harvey, Pixies et même l'omniprésente Zaho de Sagazan, ça ne pèse pas lourd face à une Lana del Rey qui, sur son seul nom, parvient à remplir la date du mercredi. Pas étonnant que le festival se pose de nouveau la question de faire venir des rappeurs dès l'année prochaine, à moins qu'il ne parvienne à chopper le retour sur-médiatisé des frères Gallagher, comme un joli pied de nez, étant donné que c'était là, en 2009, dans les coulisses du festival, que le groupe avait splitté. Pour subsister, un tel festival doit attirer la jeunesse et la jeunesse n'écoute plus beaucoup de rock. Mais peu importe 2025 et les prochaines années, profitons déjà de l'instant et du millésime 2024. Pour l'occasion, notre fille était aussi, pour la première fois de la partie, surtout grâce à la présence à l'affiche de la Nazairienne Zaho de Sagazan. On arrive avec un peu de retard pour le concert de notre crooner british préféré, Baxter Dury. Faut dire qu'il est programmé dès 15h. Le chanteur assure le show, encore plus qu'à l'habitude, conscient que le public n'est pas spécialement venu pour lui. Il enchaîne en seulement 40 minutes, des titres de la plupart de ses albums. Un best of qui rappelle l'excellence de sa discographie, même si son style a peu évolué depuis les débuts. L'après-midi commence bien.

On a ensuite quelques dizaines de minutes de repos avant le prochain concert sur la scène de la Cascade. On se ballade un peu, profitant des quelques goodies distribués gratuitement - en début de soirée, il n'y en a généralement plus. Peut-être un peu trop, car la foule attendant l'arrivée de Zaho est déjà très nombreuse devant la scène. On essaie de se frayer un passage, mais on reste assez loin. Lulu est un peu déçue. La chanteuse commence seule au piano puis ses musiciens, tous perchés sur une estrade à l'arrière de la scène arrivent. Le concert est très bien rodé. On sent qu'il a été largement peaufiné depuis le début de l'interminable tournée de son seul et unique disque, le déjà classique "La symphonie des éclairs". Il y a une montée en puissance savamment orchestrée. Il y a surtout Zaho incroyablement à l'aise sur scène, parlant d'elle, de son enfance tourmentée, de sa difficulté à s'accepter soi-même, qu'elle prend désormais avec décontraction et recul. Dès le milieu d'après-midi, elle essaie de faire bouger le public quelque peu mollasson du parc de Saint-Cloud : pas simple. Mais comme partout où elle passe, elle parvient à faire une quasi unanimité. Elle était déjà là il y a deux ans - nous aussi - et elle en avait profité pour assister à ce qui reste pour elle son concert préféré, celui des papys allemands de Kraftwerk. En partant, elle recommande de ne louper sous aucun prétexte, la prestation de LCD Soundsystem. Cette jeune femme a décidément bon goût. En tout cas, notre fille est ravie. On essaie de récupérer un autographe en fin de set, mais le temps de parcourir le chemin qui nous sépare de la scène, la "star" est déjà partie. Tant pis, ça sera pour une prochaine fois.

Après cela, il nous a fallu attendre deux heures avant le concert de PJ Harvey. J'ai bien essayé d'aller écouter ce qui passait entre temps, notamment Bar Italia. Rien ne m'a spécialement accroché. Pourtant les londoniens, dernière coqueluche en date du rock indépendant, auraient dû être sur ma liste des trucs à voir. Mais comme sur disque, le groupe ne parvient pas à me convaincre totalement. Il y a quelques titres bien ficelés, mais leur manière de poseurs m'énerve un peu. Vient alors la reine Polly Jean. Impeccable comme d'habitude. Elle arbore un drôle de costume de prêtresse et ses musiciens avec leur vêtement en lin rappellent l'ascétisme de la vie monacale. Elle joue beaucoup son dernier disque, un peu calme pour un festival. Entre chaque morceau, elle semble nous toiser de son regard de déesse, supérieure qu'elle est de nous, simples mortels. Elle finit par "Man-size", "Dress", "Down by the water" et "To bring you my love", tous superbement joués. 4 titres en apothéose d'une prestation de haute tenue. Comme d'habitude aurais-je tendance à dire.

On file vite fait à la scène de la cascade pour les Pixies. Le concert a déjà démarré. Quand on a réussi à faire venir de tels artistes, il est quand même dommage de ne pas permettre au public d'assister à leurs performances dans leur intégralité. Il ne manque que Kim Deal à la formation originale - cette dernière va d'ailleurs sortir son premier disque solo à la fin de l'année. Une nouvelle bassiste, Emma Richardson, ex-membre des aimables et dispensables Band of Skulls est venue remplacer Paz Lenchantin qui officiait chez les bourrins de A Perfect Circle. Bref, tout ça pour dire que Kim Deal n'a toujours pas été remplacée. Ajouter à cela le fait que leurs morceaux récents, "The Vegas Suite" et "Chicken" sont tombés à plat en plein milieu du concert. Ce n'est une surprise pour personne que les dernières compositions de Frank Black sont à des années lumière de l'inspiration des débuts. Mais ça se serait moins entendu si elles avaient été placées au début par exemple. Pour le reste, quel plaisir d'entendre en live la plupart des titres de l'indépassable "Doolittle" et aussi la sublime "The Happening" pas souvent jouée. Dommage qu'il n'y ait aucun morceau de "Trompe le Monde", hormis "Head On", la reprise de Jesus and Mary Chain. J'aurais bien apprécié un "Alec Eiffel" ou un "Motorway to Roswell". Avec les Pixies, on n'est pas dans le contrôle comme pour PJ Harvey, les chevaux sont lâchés, il n'y a pas de calcul, les chansons s'enchaînent sans temps mort, comme d'habitude, et la voix finit de plus en plus par souffrir... "Where is my mind", il est temps d'arrêter. Le groupe était venu remplacer au pied lever la désertion de The Smile, Radiohead nouvelle mouture, qui en a profité pour annoncer la semaine dernière un troisième album et deuxième pour 2024 en octobre prochain. Sûr que leur prestation aurait été très différente. Mais passons, Lulu pourra dire qu'elle a vu Pixies en concert. Ce n'est pas rien.

Une fois de plus, on loupe le début de LCD Soundsystem sur la grande scène. Bizarrement, on a l'impression qu'il y a moins de monde que pour le concert précédent, malgré la taille de la scène. Les quinquas sont partis, laissant les quadras entre eux ? D'emblée, on est happé par le son, sa puissance, les jeux de lumière. Je sens tout de suite que Zaho avait raison. James Murphy et sa bande nous balance un best of aux petits oignons, jouant tous leurs meilleurs titres ou presque. Le concert s'emballe dès "Tribulations", pour tabasser carrément sur "Movement". "Someone Great" est joué en hommage à leur ami Justin Chearno, restaurateur new-yorkais décédé deux jours plutôt. L'émotion transperce malgré les machines. Pour "Losing My Edge", le groupe convoque quelques influences : New Order, Suicide, Daft Punk ou Yazoo. Mais l'acmé du concert est le dantesque "Dance Yrself Clean". Lorsque les machines et les percussions débarquent après le démarrage lent, les gens, nous inclus, se mettent à sauter spontanément comme des fous. On a tous basculés. Plus rien ne peut arriver. On finit quand même sur les deux chansons les plus emblématiques, "New-York, I Love You But you're bringing me down" et "All My Friends". Les frissons. La baffe. Meilleur concert du jour. Peut-être de Rock en Seine - sur les huit éditions auxquelles j'ai assisté. En tout cas, cette journée restera comme un magnifique souvenir partagé en famille. La rentrée sera d'autant plus difficile.



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