Accéder au contenu principal

Mes indispensables : Jeff Buckley - Grace (1994)

Bon, après avoir beaucoup glosé sur les qualités et les défauts d'Anna Calvi - promis, je n'y reviendrai pas, même si je persiste et signe à dire que c'est un excellent disque - et sa soit-disant proximité avec la musique d'un certain Jeff Buckley, je me suis dit justement qu'il était temps de revenir sur le seul véritable album de ce dernier : "Grace". Album qui aura marqué toute une génération, mais dont quelques uns commencent à égratigner un peu le statut de chef d'oeuvre inattaquable. Pourtant, je viens de remarquer qu'il est encore difficile d'oser touché à l'idôle et de tenter les comparaisons (ah... les morts...) La faute à la télé-réalité aussi, qui a vu, quelques malheureux candidats essayer de reprendre LA fameuse chanson du maître, "Hallelujah", morceau qui n'est d'ailleurs pas de son fait mais comme tout le monde le sait, l'oeuvre de Leonard Cohen, autre expert ès émotions. Et ces émissions de télé de démontrer pour certains que Jeff Buckley n'était finalement, lui aussi, qu'un vulgaire chanteur de karaoké, aussi doué était-il, jamais aussi l'aise que dans les reprises, "Lilac Wine" et donc "Hallelujah" en tête et un compositeur assez besogneux, incapable de dépasser ses nombreuses influences.
Mais, comme pour beaucoup donc, Jeff Buckley, c'est une partie de mon adolescence, c'est lié à des souvenirs, et c'est aussi le regret de ne jamais avoir vu le monsieur sur scène, juste d'avoir été parcouru de frissons par médias interposés : un concert au Bataclan diffusé sur France Inter, une prestation mémorable sur Canal+. Bien sûr, aujourd'hui, en réécoutant "Grace", je ne ressens plus la même chose qu'à 18 ans, l'émotion n'est plus si présente, il y a quinze ans de recul. A l'époque, le disque m'avait fait un tel effet que je me sentais obligé d'en parler autour de moi, de crier partout la bonne nouvelle. J'avais l'impression d'être fort, de détenir un pouvoir que d'autres n'avaient pas : je connaissais Jeff Buckley. Quelque part, ce disque m'a donné un peu de confiance en moi : on est con quand on est jeune. Aujourd'hui encore, je me rends compte qu'il m'est impossible d'en dire du mal. Cela serait renier trop de choses, une part de moi-même peut-être. Oui, Jeff Buckley, c'est mon adolescence et il n'y a rien de pire que de briser les rêves d'un adolescent...

Clip de "Grace" :

"Hallelujah" en live sur Canal+ :

Commentaires

  1. 1. Je viens de lire le texte des Inrocks. J'adore naturellement tout ce qui est iconoclaste et, avec un peu de talent, il y aurait à écrire sur le Jeff. Mais, là, l'exercice est stylistiquement ramené à son niveau le plus bas. On dirait un enfant qui reprend un texte officiel (la bio, en l'occurrence) et ajoute à chaque fin de phrase "caca" ou "pipi". Assez triste!
    2. Pauvre de toi qui ne verra et n'entendra jamais "Kick Out The Jam" repris en live! :-)

    RépondreSupprimer
  2. Oui, je suis d'accord avec toi, l'article des Inrocks est franchement pathétique, comme une grande partie de ce qu'ils écrivent depuis quelques années déjà :-(

    RépondreSupprimer
  3. L'enchaînement Anna Calvi/Jeff Buckley est assez cruel pour la première ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Tiens, sur Anna Calvi, il y a aussi Télérama qui abonde dans mon sens : http://www.telerama.fr/musiques/anna-calvi,64599.php
    Pour une fois que je suis d'accord avec ce cher Hugo Cassavetti :)

    RépondreSupprimer
  5. Oui j'ai lu, "dénuée d'inutiles effets" "sobre" j'ai bien ri ^^

    RépondreSupprimer
  6. Ok, le texte est sujet à polémiques mais, malgré que l'auteure démolie mon idole, il faut quand même replacer ce papier dans son contexte : il fait parti d'une série nommé "ça casse" et dont le but est de démonter un disque d'artiste/groupe intouchable. Est-ce vraiment utile ? je ne sais pas mais quand on (et j'en fais parti) n'arrête pas de dire que les Inrocks sont devenus trop lisse et consensuel, il faut admettre l'audace. De plus, il me semble que c'est du second degré, comme une boutade entre collèges de bureau, là des journalistes passionnés, pour se charrier !!

    Sinon, "Grace" est un des 10 meilleurs disques des années 90', et haut la-main.
    Je suis d'accord avec toi, "Anna Calvi" est un très bon disque, très habité et inspiré. Lundi je crois, sur la chaine TNT n°17 Direct Star, il y avait 1 superbe doc fait d'interviews entrecoupées d'extraits de concerts + des clips d'artistes/groupes que la Miss Calvi adore ou s'est inspirée (TV On The Radio, Bowie, Nick Cave/Kilye Minogue, Jeff Buckley justement, etc...). A voir !!!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Mark Pritchard & Thom Yorke - Tall Tales

Oui, je sais, je ne suis pas très productif ces derniers temps... Une nouvelle fois, plus le temps, plus l’envie. J’avoue même écouter moins de musique. Heureusement, il y a quelques nouveautés qui me donnent toujours envie d’y revenir. Les productions de Thom Yorke quelqu’elles soient - Radiohead évidemment dont on annonce une sortie d'ici fin de l'année, en solo ou avec The Smile - en font partie. Le voici en duo avec Mark Pritchard, musicien australien de cinquante ans dont j’admets ne rien connaître. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, encore que, pas si éloignée de celle de Kraftwerk. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, notamment, sur " Beautiful People " extrait de l’album " Under the sun " de l’australien paru en 2016. Cette nouvelle collaboration permet au chanteur de Radiohead de signer son premier diqque sur un label qu’il vénère depuis longtemps, Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, etc).  Et je dois dire q...