Cette rencontre, ça faisait longtemps que je l'attendais. Il y eût beaucoup d'occasions manquées. Soit j'avais une bonne excuse pour l'éviter, soit elle ne venait pas au moment opportun. Toujours est-il qu'à chaque fois, le rendez-vous a été repoussé. Et puis, c'est finalement arrivé en ce 25 février 2011, dans le cadre de l'Olympia, cette salle parisienne mythique, qui accueille désormais essentiellement les vedettes de la variétoche de chez nous, pas la meilleure, celle habituée aux plateaux télé et sortant pour la plupart de ces académies fabriquant à la chaîne des petits geignards en herbe. Académique, oui. C'est peut-être pour ça. Pour ça que j'ai été déçu. C'est à cause de la salle. De son ambiance. De la télé qui filmait le concert. J'essaie de me trouver des excuses, de lui trouver des excuses. Elle n'a pas réussi à apporter ce grain de folie qu'on retrouvait sur ses premiers disques. Non, si fantaisie il y avait, elle était essentiellement dans sa tenue : ses plumes sur la tête et la veste, tel un oiseau (de proie ?). Le reste était sans fioriture, ultra maîtrisé (trop ?). En témoigne le moment où elle a commencé à jouer "Angelene" la guitare, semble-t-il, mal accordée, il fallait voir le regard de ses trois compagnons musiciens, plein de reproches. La voix de Polly Jean est pourtant impressionnante, alternant avec une dextérité rare, les passages des suraigus aux graves. Malheureusement, le jeu de scène est statique, l'anglaise ne communique quasiment jamais avec son public. Pas grave, ses fans n'ont pas l'air d'être venus pour ça. L'habitude, sans doute. Tant pis, passée la (légère) déception, il restera au moins ses disques et notamment son dernier et excellent "Let England Shake". Un gars, à côté de nous, est en tout cas parti ailleurs depuis un bon moment (en plein bad trip ?). Pendant de très longues minutes, on se demandera même, s'il n'allait pas s'affaler carrément sur nous et faire une syncope. Pas facile dans ces cas-là de rester concentrés, surtout que nous n'étions pas vraiment rentrés dans le concert, restant d'aimables spectateurs. Nous serions allés assister à un opéra à Garnier que la sensation n'aurait pas été bien différente - à part notre voisin, seule présence indiquant que nous étions bien à un concert rock. Une rencontre trop... polie.
A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous
Entièrement d'accord. En sortant, l'intime conviction d'avoir vu le concert d'une grande artiste. Et pourtant, l'étrange sensation que tout cela manquait de sexe, de drogue.... bref, de rock'n roll.
RépondreSupprimerOui, elle a gagné en maîtrise ce qu'elle a malheureusement perdu en instinctivité et naturel.
RépondreSupprimerDommage...