Accéder au contenu principal

Mes indispensables : My Bloody Valentine - Loveless (1991)

La première fois que j'ai mis ce disque dans ma platine CD, j'ai cru que ma chaîne hi-fi avait rendu l'âme : mais qu'est-ce que c'est que ce son pourri ? La seule fois où j'ai vu ce groupe en concert, je me suis bouché les oreilles et j'ai eu une irrésistible envie de partir avant la fin tellement le son était fort et insupportable. Mais alors, que fait donc ce disque parmi mes indispensables ? Suis-je un masochiste qui s'ignore ? La musique de My Bloody Valentine - non, ce n'est pas un groupe bourrin de heavy metal à tendance sataniste, encore que :) - est de celles qui demandent un réel effort pour être apprivoisée. J'ai acheté ce CD sans même l'avoir écouté avant. Je faisais alors une confiance aveugle aux critiques rock, surtout lorsque celles-ci étaient unanimement dithyrambiques - quel naïf j'étais. Après plusieurs écoutes, j'en étais pourtant rapidement venu à vouloir m'en séparer et le revendre dans une quelconque brocante. Puis, passées plusieurs années, j'y suis revenu, un peu par hasard. Et le disque a commencé alors à faire son effet, à sortir inexorablement du lot commun. "Loveless", c'est d'abord un son - du bruit ? - mais ce sont aussi de jolies mélodies sucrées, planantes, cachées sous les larsens. La rencontre inattendue des Cocteau Twins et de Jesus And Mary Chain. La fusion des contraires. Le poison et son antidote. Depuis, le leader du groupe et accessoirement pas très drôle Kevin Shields n'a toujours pas réussi à lui donner une "vraie" suite. Pourtant, on ne compte plus le nombre de fausses annonces (chaque premier avril?) faisant état d'un nouvel album de My Bloody Valentine, devenu la véritable arlésienne du rock indépendant des années 90.
Désormais, il faut bien avouer qu'hormis les fans de l'époque, en tête desquels on retrouve la cinéaste Sofia Coppola (avec notamment sa superbe mise en image de "Sometimes" dans "Lost In Translation"), la jeune génération n'en a cure. Leur récent retour scénique n'a pas vraiment déplacé les foules et à part aux acouphènes pas laissé non plus de souvenirs impérissables. My Bloody Valentine restera donc le groupe d'un disque, "Loveless", véritable ovni hier comme aujourd'hui. Témoin d'une période semble-t-il révolue, où le rock était encore synonyme de prises de risques. A moins que ça ne soit tout simplement moi qui vieillis...

Clip de "Only Shallow" :

Clip de "Soon" :

Commentaires

  1. Pareil, 'Loveless' (découvert qqs années après sa sortie, en 1991 j'avais 12 ans) et moi on a la même histoire: de l'attirance immédiate (foutues chroniques dithyrambiques), de l'incompréhension totale ensuite. Et à chaque fois, l'envie d'y revenir, d'essayer de comprendre "mais pourquoi donc tout le monde s'est emballé sur cet album"? Et puis un jour c'est passé. Comment, pourquoi, j'en sais rien. Mais je tiens cet album en bien haute estime.
    Et le precedent Isn't It Anything m'avait beaucoup plu aussi.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, "Isn't It Anything" est très bien mais pas aussi renversant et innovant. Content en tout cas de constater que je ne suis pas tout seul à avoir mis du temps à adhérer à cette musique. Vu qu'on a à peu près le même âge, ça doit être une question de maturité musicale ;)

    RépondreSupprimer
  3. Alors ça c'est juste une coïncidence ou de la télépathie ? il y avait belle lurette que je n'y étais pas revenu et j'ai ressorti ce classique pas plus tard que la semaine dernière !
    Bizarre... à moins que ce soit le dernier PJ Harvey - au échos lointains du travail sonore de Shields - qui m'ai (nous ai) influencé ?

    Par contre moi je l'ai découvert tout jeune adulte et ça file un vrai coup de nostalgie : ....du temps où je l'ai entendu un peu interloqué chez Lenoir ...du temps où je trouvais que c'était le disque rock le plus "lynchien" jamais paru (inconfortable, convulsif et beau à la fois comme le ciné du grand David)...du temps où je me doutais qu'on reparlerait encore dans longtemps alors qu'on aurait un peu oublié les Happy Mondays ou les Stone Roses qui m'indifféraient ...du temps où Les Inrocks était un journal mensuel et très pertinent - si, si, ça a existé! - ...du temps surtout où j'étais plus jeune, quoi, bande d'inconscients, Vincent et Twist, qui me filez ici un gros coup de vieux !
    ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Oh lala, comment ca la jeune generation en a cure??!! On ne compte plus toutes ces nouvelles formations qui regardent leur pieds en torturant leurs guitares, de Test dep a The pain of being pure at heat....et meme si on doit plus a s'attendre a gros retour d'un indus/folk ce genre reste tres prise des ados si j'en juge par mes ventes....en tout cas aux US...Gwen

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Mark Pritchard & Thom Yorke - Tall Tales

Oui, je sais, je ne suis pas très productif ces derniers temps... Une nouvelle fois, plus le temps, plus l’envie. J’avoue même écouter moins de musique. Heureusement, il y a quelques nouveautés qui me donnent toujours envie d’y revenir. Les productions de Thom Yorke quelqu’elles soient - Radiohead évidemment dont on annonce une sortie d'ici fin de l'année, en solo ou avec The Smile - en font partie. Le voici en duo avec Mark Pritchard, musicien australien de cinquante ans dont j’admets ne rien connaître. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, encore que, pas si éloignée de celle de Kraftwerk. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, notamment, sur " Beautiful People " extrait de l’album " Under the sun " de l’australien paru en 2016. Cette nouvelle collaboration permet au chanteur de Radiohead de signer son premier diqque sur un label qu’il vénère depuis longtemps, Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, etc).  Et je dois dire q...

Luke Haines & Peter Buck - Going Down To The River... To Blow My Mind

" It’s the end of the world as we know it and i feel fine " nous chantait déjà REM en 1987. Les années passent et ce sentiment s'élargit. Devant une actualité toujours déprimante, nous sommes de plus en plus nombreux à préférer l'indifférence, pour nous protéger, rester "en vie". C’est sur ce constat défaitiste et aussi sur une même accointance pour les guitares tranchantes que Peter Buck et Luke Haines ont décidé d’écrire des disques à 4 mains. Pour ceux qui ne savent pas qui sont ces deux individus, le premier n’est rien d’autre que l’ancien guitariste de REM, le second est l’ancien chanteur de The Auteurs. Tous deux sont responsables d’une palanquée de mes classiques personnels. " Going down to the river... to blow my mind " est déjà leur troisième album commun. J’avais quelque peu fait l’impasse sur les deux premiers, à tort. En tout cas, ce nouveau présente une liste de titres impeccables dans la droite lignée des premiers disques de The Auteu...