Nicolas Poncet, alias Gontard, poursuit sa production stakhanoviste, à raison d'au moins un nouveau disque chaque année. Cette fois-ci, on sent plus d'ambition : "2029" est un album conceptuel, racontant le quotidien d'une petite ville de province, dans 10 ans, dénommée Gontard-sur-misère, histoire de "planter tout de suite le décor". On pense bien sûr au mouvement des gilets jaunes, à ces gens largués, laissés pour compte du système, pour certains capables de tout, car n'ayant plus à rien perdre. De ces endroits à l'abandon, les services public disparaissent ("Hôpital tue"), les "capitalistes" profitent parfois ("Kevin Malez"). Le chanteur a décidé d'en parler de l'intérieur, sans faux semblants, comme un terrible constat d'une France définitivement cassée en mille morceaux. "La fille de la mairie" est à ce titre le plus révélateur, de gens qui ne se comprennent plus, parce que les sentiments disparaissent progressivement des rapports humains.
Les arrangements sont aussi plus variés qu'à l'accoutumée. Les textes encore plus crus, directs, tels de terribles uppercuts. "Nous n'avons plus d'amis. Nous avons des partenaires". "La plupart des gens ne veulent plus d'histoires, ils vieillissent, c'est tout." "Faut prendre les bonnes idées partout. Surtout à droite." Quelques phrases comme autant de sentences assez définitives sur un monde, même à l'échelle d'un village, qui va mal. Ça ne remonte sûrement pas le moral, mais ça démontre qu'à l'écart des sentiers de moins en moins balisés, il reste des petites poches de résistance où l'amour du prochain est la première des valeurs. Salutaire.
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