Lawrence Hayward est un drôle de personnage. Il a d'abord officié pendant toute la durée des années 80 au sein de Felt dont il est le principal artisan. La pop du groupe, à contre-courant de l'esprit de cette décennie-là, n'a malheureusement jamais pu rencontrer un large public, trop intellectuelle, trop sage aussi, mais pourtant pas si éloignée que ça d'un Lloyd Cole pour le côté dandy romantique. Ayant finalement lâché l'affaire en 1989, avec "Me and the monkey on the moon", un de leurs meilleurs disques, Hayward, qui ne se fait souvent appelé simplement que par son prénom, décide de former un nouveau groupe : Denim. Et c'est un brusque changement de ton et de direction musicale. Finie la pop soyeuse et délicate des débuts, place à celle plus directe faite de "ohohoh" et de "lalala", qui privilégie la mélodie qui fait remuer du popotin et qu'on n'hésite pas à reprendre stupidement tous en choeur. La transformation pourrait être comparée à celle d'un Jarvis Cocker à partir de 1992 - tiens, tiens, c'est la même année - quand Pulp décidera de se lancer de la même façon dans la pop plus dansante et électronique. Mais à l'inverse de son collègue britannique, Lawrence continuera à être injustement ignoré.
Ce premier album "Back in Denim" - il y en aura seulement trois - est pourtant aujourd'hui encore une véritable machine à tubes, du titre éponyme, en passant par "Fishs and Chips", "Middle Of The Road", "American Rock", etc. Les paroles sont de plus particulièrement mordantes. Lawrence crache aussi bien sur ces années 80 qui l'ont complètement méprisé ("I'm against the eigthies") que sur le rock'n'roll en général et le soit-disant bon goût universellement partagé ("I hate the Stones and I hate blues, Eddie Cochran and Blue suede shoes, I hate the King I hate Chuck Berry, I hate Hooker I hate Leadbelly, aallrightt!" sur le single "Middle Of The Road"). Il avoue par opposition, son admiration pour The Osmonds, un obscur groupe de variété des années 70. Pas sûr qu'avec tout ça, il n'a pas facilité encore plus la tâche de ses détracteurs. Mais tant pis, il acquiert tout de même au fil des années une poignée de fans de plus en plus nombreux, admirant son éternel esprit d'indépendance. Les derniers en date ? Le groupe américain Girls. De son côté, le magazine Magic attend toujours avec autant d'impatience des nouvelles du bonhomme, annonçant d'ailleurs un nouvel album de son dernier projet en date, Go-Kart Mozart, pour le mois d'octobre prochain. On peut douter de sa réussite, n'empêche, plus encore que Felt et que sa pop à la production vieillotte, je ne me lasse toujours pas de ce "Back In Denim". "I'm back, I'm back in Denim and Denim put the soul in your rock'n'roll". Cheap peut-être mais terriblement jouissif.
Clip de "Middle Of The Road" :
hey
RépondreSupprimerc'est avec plaisir que je découvre cet article et je suis très heureux de savoir que je ne suis pas seul à faire de DENIM® un groupe indispensable dans la discothèque idéale....
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