Peu de groupes ont osé s'inspirer de manière aussi directe et frontale de la musique de Suicide, formation culte et un peu intimidante de la fin des années 70, composée des duettistes Alan Vega et Martin Rev. Enfin, de groupe, Dirty Beaches est plutôt l'oeuvre d'une seule et même personne, Alex Hungtai, un canadien d'origine taïwanaise. Celui-ci a élaboré ce "Badlands", seul, à la maison, en samplant de vieux titres amoureusement sélectionnés - notamment, "Voilà", une très belle chanson de... Françoise Hardy - en y rajoutant de grosses guitares bien sales et une voix de crooner trafiquée au vocodeur. Ces boucles de samples répétées à l'infini tout au long des morceaux produisent rapidement leur petit effet. Les trois premiers titres sont assez "rock" et bien dans l'esprit de Suicide, les trois suivants, les meilleurs, sont plutôt des ballades au tempo doucement romantique, enfin, les deux derniers - et oui, c'est tout -, uniquement instrumentaux sont comme de lentes marches funèbres, au ralenti.
Alors qu'on voyait de prime abord en Dirty Beaches un vulgaire faiseur et un pâle copieur, il arrive finalement à imposer son style, sa patte. Au milieu des nombreuses sorties récentes et régulièrement sans surprise (il faut bien l'avouer), ce "Badlands" se démarque aisément, en faisant apparaître une voix discordante et quelque peu différente qui se révèle salvatrice. A suivre...
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