Accéder au contenu principal

Anna Calvi (+Drahla) - La Route du Rock collection Hiver - Saint-Malo - 23 février 2019

La vie est affaire de circonstances. On était en Bretagne, dans la région rennaise, au moment de la Route du Rock collection hiver. L'occasion était donc idéale pour aller y faire un tour. Surtout qu'il y avait la venue de la divine Anna Calvi - dont j'ai honteusement passé sous silence ici son dernier et excellent album "Hunter" paru l'an passé. Il y avait aussi les américains de BC Camplight mais on apprit une fois arrivés sur place que leur concert avait été annulé pour cause de retard de vol. Pas cool. On a donc attendu l'ouverture des festivités une heure plus tard, l'organisation eut la bonne idée d'avancer chaque concert de trente minutes. La soirée débuta donc avec les anglais de Drahla. Les ayant écouté un peu avant de venir les voir, j'étais resté sur une impression très mitigée : la musique post-punk du groupe me paraissait pas mélodique pour un sou et surtout assez lourdaude. J'en eus vite la confirmation en live. La présence d'un saxophone apportait certes un peu d'originalité mais l'ensemble restait assez univoque, les titres se ressemblant tous. Pas sûr qu'on réentende parler de Drahla. Le concert devait durer 50 minutes, il durera une bonne dizaine de minutes de moins. Pas forcément grave, vu le peu d'enthousiasme ressenti par rapport à ce qu'on entendait maman et moi. L'un des écueils des festivals ne disposant que d'une seule scène est cette attente particulièrement longue entre deux prestations, le délai d'attente étant équivalent à la durée même d'un concert. Anna Calvi arriva sur scène, une fois que celle-ci fut au préalable inondée de lumière rouge.

D'emblée, elle capta l'attention toute entière du public, avec un "No more words" particulièrement bienvenu, comme un brillant résumé de son talent hors norme. Le silence de cathédrale entre chaque respiration de la chanson était impressionnant. Là où Drahla semblait vouloir combler à tout prix le silence et les espaces, Calvi gardait le parfait contrôle, soufflant constamment le chaud et le froid, la douceur et la furie. La chanteuse est seule en scène avec sa guitare, mais n'a pas besoin de plus. Pour l'avoir déjà vu dans d'autres configurations, notamment avec un batteur, la présence de musiciens supplémentaires avait tendance à alourdir l'ensemble. Elle disqualifie la quasi intégralité de la concurrence. On n'a jamais entendu une telle maîtrise vocale et de la guitare depuis Jeff Buckley. Si l'américain s'autorisait parfois quelques sorties de routes, quitte à trop en faire. Chez l'anglaise, tout reste incroyablement maîtrisé, même quand ça dissone un peu. A peine une heure de concert et un goût de trop peu. La classe absolue, jusqu'au "good night" final. On décide d'en rester là, il aurait fallu attendre trois bons quarts d'heure supplémentaires le concert suivant qui ne pouvait de toute façon qu'être décevant.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Mark Pritchard & Thom Yorke - Tall Tales

Oui, je sais, je ne suis pas très productif ces derniers temps... Une nouvelle fois, plus le temps, plus l’envie. J’avoue même écouter moins de musique. Heureusement, il y a quelques nouveautés qui me donnent toujours envie d’y revenir. Les productions de Thom Yorke quelqu’elles soient - Radiohead évidemment dont on annonce une sortie d'ici fin de l'année, en solo ou avec The Smile - en font partie. Le voici en duo avec Mark Pritchard, musicien australien de cinquante ans dont j’admets ne rien connaître. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, encore que, pas si éloignée de celle de Kraftwerk. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, notamment, sur " Beautiful People " extrait de l’album " Under the sun " de l’australien paru en 2016. Cette nouvelle collaboration permet au chanteur de Radiohead de signer son premier diqque sur un label qu’il vénère depuis longtemps, Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, etc).  Et je dois dire q...

Luke Haines & Peter Buck - Going Down To The River... To Blow My Mind

" It’s the end of the world as we know it and i feel fine " nous chantait déjà REM en 1987. Les années passent et ce sentiment s'élargit. Devant une actualité toujours déprimante, nous sommes de plus en plus nombreux à préférer l'indifférence, pour nous protéger, rester "en vie". C’est sur ce constat défaitiste et aussi sur une même accointance pour les guitares tranchantes que Peter Buck et Luke Haines ont décidé d’écrire des disques à 4 mains. Pour ceux qui ne savent pas qui sont ces deux individus, le premier n’est rien d’autre que l’ancien guitariste de REM, le second est l’ancien chanteur de The Auteurs. Tous deux sont responsables d’une palanquée de mes classiques personnels. " Going down to the river... to blow my mind " est déjà leur troisième album commun. J’avais quelque peu fait l’impasse sur les deux premiers, à tort. En tout cas, ce nouveau présente une liste de titres impeccables dans la droite lignée des premiers disques de The Auteu...