La musique de Jessica Pratt est de celles à côté desquelles on peut aisément passer. Parce qu'elle est si discrète qu'elle se fait à peine entendre dans le tumulte de nos vies. Pour l'écouter, elle réclame un minimum d'attention et de calme. Certains n'auront même pas cette patience là. Cette musique nous fait irrémédiablement penser à celle d'une Vashti Bunyan : même voix enfantine ou plutôt sans âge, même délicatesse et sobriété des arrangements. Mais là où Bunyan avait cet état d'esprit libertaire - sans doute propre à l'époque - qui la voyait s'éloigner rapidement du milieu musical suite à l'échec commercial de son premier disque, Pratt semble, à l'inverse trop réservée pour tout abandonner ainsi. Les féministes me diront que c'est peut-être le contraire : la plus âgée ayant finalement sacrifié sa carrière pour sa vie de famille quand la plus jeune continue coûte que coûte, malgré son succès plus que relatif. L'histoire n'est pas de savoir si ces femmes sont à l'image de leur époque respective - ne le sommes-nous pas tous à notre manière ? -, mais plutôt de savoir si leur musique restera. Pour Vashti Bunyan, il a fallu attendre plusieurs décennies et l'engouement de la nouvelle scène folk emmenée par Devendra Banhart et Animal Collective à l'orée du 21eme siècle, pour qu'elle connaisse un culte grandissant. Peut-être que pour Jessica Pratt, il en sera de même.
Hasard de l'actualité, c'est Tim Presley, qui vient de sortir ce qui est sans doute son meilleur disque, qui l'avait repérée pour la faire signer en 2012 sur son propre label, Birth Records. Avec "Quiet Signs" paru cette fois-ci sur City Slang, elle semble prête à prendre enfin son envol. On espère que les vautours et autres rapaces n'attaqueront pas ce précieux et charmant oisillon. Son chant est de ceux qui nous transportent, améliorant notre quotidien.
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