Celui-là, ça faisait longtemps que je ne l'écoutais plus. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et pourquoi je le réécoute soudainement au détour d'un nouvel album ? Je ne sais pas non plus. Vous me direz : en voilà un début de chronique intéressante. La musique de Tiersen n'est tout simplement pas une musique raisonnable. Elle s'adresse avant tout à nos sens, elle est instinctive, elle est en harmonie avec la nature qui l'entoure. C'est une musique des grands espaces, elle a besoin de respirer, de grand air, à l'opposé de ce qu'on appelle aujourd'hui les musiques urbaines. Le breton vit depuis plus d'une dizaine d'années à Ouessant, à l'écart du monde qui court et qui fait du bruit. Et cela se ressent de plus en plus dans son œuvre. Les morceaux sont principalement chantés en breton, mais aussi en féroïen. On y entend surtout des voix féminines, sa femme Emilie ou l'austère chanteuse scandinave Anna Von Hausswolff.
Pourtant, le style de Tiersen n'a pas changé depuis les débuts et les succès de "Rue des cascades", "Le phare" et bien sûr la célèbrissime bande originale de "Amélie Poulain". Il a juste pris l'air, le son de l'ampleur. Ce qui était pour beaucoup d'étrangers associé à Paris et à la butte Montmartre est parti à l'ouest voir ailleurs. Tiersen est un des rares musiciens paysagistes, en accord totale avec le milieu qui l'entoure. À l'écoute de "All", on est avec lui, directement téléporté à Ouessant. On s'est évité le voyage, la partie la plus pénible. On n'y a jamais été, on ne sait même pas si on y ira physiquement un jour mais on sait au moins grâce à lui que c'est très beau.
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