Une autobiographie n'est jamais chose aisée. Il y a toujours un côté narcissique à se mettre ainsi en avant. Comme si sa vie personnelle pouvait intéresser au-delà du cercle intime. Comme si elle recelait des évènements plus marquants que ceux que vivent le commun des mortels. Car il y a forcément une volonté d'immortalité derrière l'écriture d'une oeuvre qu'elle soit musicale ou littéraire. Dominique A, qui signe pour l'occasion de son nom complet, a pris son temps pour y venir. Pas sûr de lui. Pas sûr d'être capable de "viser" juste comme il le disait si bien dans "Rue des Marais", ce bouleversant morceau de "L'Horizon" qui prend à la lecture de ce livre une teinte encore plus forte. Il réussit pourtant à trouver le juste milieu entre la distance nécessaire que doit imposer un tel exercice et l'aspect purement affectif, émotionnel. Comme pour sa musique, le monsieur sait garder une certaine retenue, ce que d'aucuns lui reprocheront peut-être. Il prend le parti de ramener son enfance et les prémices de son adolescence à un seul lieu pour ne pas trop en dire quand même. Car on sent bien qu'il y a d'autres vérités peut-être pas bonnes à dévoiler, mais Provins est le principal accusé. Celui qui a causé ce mal être ou plutôt cette intranquillité tenace. Dissimuler les banales lâchetés quotidiennes derrière un lieu, c'est soit manquer de courage (des oiseaux?) soit une façon pudique de faire remonter les souvenirs et la rancoeur. Comme si un paysage disait tout des choses, conservait malgré les bouleversements son histoire, notre histoire. C'est promis, un jour, je reviendrai boulevard Läennec, à Rennes. Un jour, j'irai rue des Marais, à Provins. Peut-être alors, comme Dominique, je saurai "viser"...
A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous
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