Je profite de la fin d'année qui approche et du calme relatif parmi les nouveautés musicales pour poursuivre après de longs mois d'arrêt mes tops albums par année. J'en étais donc à 1967 - oui, je vais dans l'ordre inverse de l'ordre chronologique - année mirifique s'il en est question chefs d'oeuvre de la pop et du rock. C'est bien simple, il est difficile de ne sélectionner que 10 disques tellement cette année-là fut riche. Peu de surprises donc ici, la musique intemporelle se partage d'autant mieux avec plus de 50 ans de recul.
Je n'ai pas honte de dire que "Their Satanic Majesty Request" est probablement mon album préféré des "pierres qui roulent", alors que Jagger lui-même ne le trouve pas très bon. Les Stones copient pour une des rares fois la pop psychédélique des Beatles et le résultat, s'il est quand même un peu inégal, contient quelques belles pépites, notamment l'incontournable "She's a rainbow". Keith Richards a beau désavouer l'influence que joua Brian Jones dans le son du groupe, sans lui, ce ne sera déjà plus pareil. Il apportait le semblant de fantaisie pop qui manquera cruellement par la suite à la musique des Rolling Stones.
Nico n'avait pas une très belle voix, elle chantait même un peu faux. Mais elle avait une manière très raffinée de le faire. C'est pourquoi son style fut souvent copié mais rarement égalé. A l'époque, elle était l'icône incontournable du rock, celle pour qui tous les plus grands songwriters voulaient écrire. Ce fut le cas sur ce premier album, "Chelsea Girl", qui contient donc des titres de Bob Dylan, Lou Reed, John Cale, Tim Hardin ou Jackson Browne. Elle écrira ensuite elle-même ses propres chansons. Si elles gagneront, au fil des albums, en singularité, elles perdront en immédiateté. "Chelsea Girl" reste à cet égard, sa plus belle réussite.
8- Pink Floyd - The Piper at the Gates of Dawn
Premier disque du Pink Floyd qui marque la naissance du psychédélisme anglais. Syd Barrett est alors seul aux commandes ou presque. Ses mélodies loufoques sont quand même encore contrôlées par les autres membres du groupe. Ce ne sera rapidement plus le cas, puisque le chanteur quittera la formation au beau milieu du second disque, laissant ces acolytes découvrir d'autres horizons assez éloignés. Si la musique de Pink Floyd gardera son côté expérimental, elle perdra avec Barrett un génie mélodique assez irremplaçable. Là encore, "The Piper at the Gates of Dawn" est mon album préféré du groupe.
On découvre en 1967 la musique des Doors, le charisme hypnotisant de Jim Morrison, l'orgue façon cabaret de Ray Manzarek ce son et ce style qui ne ressemblent alors à rien de connu. Morrison, qui se voudrait Rimbaud, met un peu de poésie et de noirceur dans le rock. Il a beau être énervant, la musique des Doors a gardé son côté envoûtant. Comme le nom même du groupe l'indique, elle a ouvert des portes, toujours pas refermées depuis.
Les Beatles délaissent définitivement la scène pour se réfugier en studio avec leur "gourou" Georges Martin. Il en ressortira ce disque mondialement acclamé avec sa légendaire pochette et ses chansons toutes devenues des classiques qu'on se transmet de générations en générations, de "With a little help from my friends" à "Lucy in the sky with diamonds" en passant par l'inégalable "A Day in the Life" final. Tout a été dit et écrit sur ce monument de la pop. Pourtant, les Fab Four iront encore plus loin sur l'album suivant.
Il y a des injustices dans l'histoire du rock. Tim Buckley en fait assurément partie tellement il ne rencontra pas un succès à la hauteur de son immense talent et surtout de sa voix si pure, presque irréelle. "Goodbye and Hello" aligne ainsi les morceaux folk tous plus bouleversants les uns que les autres, jusqu'à l'apogée final sur "Morning Glory". Beau à pleurer.
Le poète canadien Leonard Cohen sort enfin à plus de trente ans son premier album intitulé simplement "Songs of Leonard Cohen". Il y concentre dix morceaux écrits, peaufinés depuis de nombreuses années. On dit souvent qu'un premier disque synthétise toute une vie antérieure. Celui-ci pourrait résumer la carrière entière du maître, tellement tout est déjà là et que de toute façon, Cohen n'a jamais écrit qu'une seule et même chanson - tous ses disques se ressemblent non ? Tant mieux, on ne se lasse toujours pas de l'entendre.
"Something Else by the Kinks" est comme son nom l'indique un album trop modeste. Les Kinks font bien plus que quelque chose d'autre, ils surpassent cette année-là leurs compatriotes des Beatles. Rien que les trois premiers titres de l'album, "David Watts", "Death of a Clown" et "Two Sisters" sont des chefs d'oeuvre pop absolus. La suite n'est pas mal non plus surtout que tout cela se termine par le grandiose et classique "Waterloo Sunset". La pop anglaise est alors à son sommet créatif.
"Forever Changes" est un disque miraculeux. Si la musique de Love avait connu jusque là, quelques moments de grâce, il n'y a rien qui pouvait prédire à un tel déluge de beauté : des cordes, des trompettes. Avec cet album, la pop a changé pour toujours. Même s'il a fallu longtemps avant qu'il soit ré-estimé à sa juste valeur, de nombreux groupes sont venus depuis puiser l'inspiration à cette fabuleuse source.
Le plus grand disque de rock indépendant de l'histoire et sans doute le premier. L'alpha et l'oméga du genre. Incontournable, indépassable. Il y a tout : les mélodies éternelles, la poésie malsaine, la noirceur un peu crasse, les guitares grinçantes, le kitsch assumé, la production faite maison, l'amateurisme revendiqué. Et puis, cette pochette. Mythique.
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