Un groupe qui s'appelle du nom du chef d'oeuvre sixties des Zombies ne peut être foncièrement mauvais. Mais de telles références imposantes pourraient tétaniser par peur de ne pas être à la hauteur ou faire croire que la formation lyonnaise un peu présomptueuse pense boxer dans la même catégorie. D'autant que les premiers albums du groupe sont chantés essentiellement dans la langue de Shakespeare, accentuant le désir inconscient de comparaison. Cette fois-ci, tout est en français. Les paroles sont soit surréalistes, soit politiques, le groupe trouvant enfin son style. Les belles mélodies se comptent à foison, avec une fantaisie omniprésente et un charme désuet ouvertement assumé ("Ferdinand l'Albigeois"). Elles nous ramènent au meilleur de la variété-pop orchestrée des années 70. La musique d'Odessey and Oracle n'a rien à voir avec son époque. Pourtant, un titre comme "Crocorama", donnant son nom à l'album, distille un message politique assez explicite. Mais il y a aussi "Les enfants", "Antoine Rouge".
Le groupe ose, et termine même sur "Mélodie #2" en avouant ne plus avoir d'inspiration pour les paroles. Bref, "Crocorama" est une belle et intelligente bulle de fraîcheur. A défaut d'écrire un jour une oeuvre aussi importante que leur nom, le groupe signe un excellent disque, flirtant régulièrement avec la mélodie parfaite et trouvant une nouvelle voie pour la pop d'ici. Bravo!
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