Je n'y croyais pas, je n'y croyais plus mais je dois avouer que le nouveau disque de Dominique A arrive à point nommé, juste pour entamer ce nouveau confinement. A son écoute, il est évident qu'il a été composé au printemps dernier alors que, pour beaucoup, nous découvrions les méfaits de l'enfermement contraint et prolongé. Les dix titres de cette "Vie étrange" s'enchaînent avec la même mélancolie assumée, les mêmes rythmiques minimalistes, les mêmes douces mélodies envoûtantes, les mêmes textes sensibles, sobres et justes. "Aux jours s'accrochent les jours comme des wagons de porcelaine" : voilà un parfait résumé de nos vies devenues soudain plus monotones, sans qu'on sache réellement quand nous verrons le bout du tunnel. "Quelle vie étrange, plus de mots bleus", résonne en écho douloureux et presque silencieux à la disparition du chanteur Christophe, célèbre victime du coronavirus et inoubliable interprète des "Mots Bleus".
"L'éclaircie" est bien sûr une reprise en hommage à Philippe Pascal, chanteur des Marquis de Sade et de Marc Seberg, qui a beaucoup compté dans l'éducation musicale de Dominique A. Ce dernier vient aussi d'écrire un court livre sur le mythique chanteur rennais, intitulé "Fleurs plantées par Philippe". Dominique A devait composer pour le troisième et prochain album de Marquis de Sade, récemment reformé, avant que leur chanteur ne se suicide l'année dernière. Le groupe devait malgré tout rejouer aux prochaines Transmusicales, festival qui les avaient fait connaître à la fin des années 70, et y dévoiler les chansons de "Aurora" dont la sortie devrait intervenir en 2021. En attendant, je ne résiste pas à me replonger encore et encore dans cette "vie étrange", triste et belle à pleurer, comme un poison et son remède, une façon de "se froisser et de se défroisser", en attendant une "éclaircie".
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