Accéder au contenu principal

Top albums 1996


Pas de blah-blah de présentation cette fois-ci, tout est dit ci-dessous :

10- The Divine Comedy - Casanova 
Après deux disques presque parfaits de sobriété et d'élégance, Neil Hannon commence à avoir les chevilles qui gonflent et se prend pour "Casanova". Au milieu des morceaux un poil sur-arrangés et des excès de froufrous, submergent quelques magnifiques légèretés comme "Songs of love". Sa Divine Comedy est loin d'avoir rendu l'âme et carbure désormais à pleine (dé)mesure. 

9- Jay Jay Johanson - Whiskey 
Neil Hannon a un cousin suédois, il est beaucoup plus grand par la taille et pourtant moins assuré. Il faut dire que "The girl I love is gone" n'incite pas à la gaudriole. Pas démoralisé pour autant, il prévient "So tell the girls that I'm back in town". Une de perdue, dix de retrouvées, comme dirait le célèbre adage. Pour cela, Jay-jay Johanson sort l'artillerie idoine : une voix de crooner délicate, des textes un brin ironiques donc, et une musique aux sonorités trip-hop bien dans l'air du temps : pari gagné. D'un point de vue musical, en tout cas. 

8- Eels - Beautiful Freak 
Que seraient devenus Eels, s'ils n'avaient pas été les premiers signés par le label Dreamworks, aujourd'hui disparu, de monsieur Spielberg ? Quel critique se serait intéressé alors à leur pop brinquebalante aux influences multiplies, du jazz au hip-hop ? De ce prestigieux parainage et de l'éclatante réussite de ce "Beautiful Freak" au titre bien senti comme sa pochette, nos anguilles préférées ont su se faufiler et bâtir une carrière exemplaire jusqu'au dernier disque paru début 2013 fortement recommandable. 

7- Cake - Fashion Nugget 
Que sont devenus ces Cake-là depuis leur brillante reprise de "I will survive", avant la coupe du monde de foot de 1998 ? Ils avaient pourtant inventé une autre façon de faire du rock, à la cool. Moins torturée mais encore plus métissée que celle de Eels, la musique de "Fashion Nugget" garde aujourd'hui encore tout son pouvoir d'attraction. 


6- Placebo - Placebo 
Brian Molko nous avait prévenu dès le début, il aurait aimé faire partie des Sonic Youth. On imagine aussi que David Bowie lui aurait bien plu comme second rôle. Ce premier album est celui dans lequel il se rapproche le plus de son rêve. Il a ensuite abandonné petit à petit les guitares qui claquent, ne faisant que reproduire une seule et unique recette, en la vulgarisant davantage de disque en disque. 

5- Katerine - Mes Mauvaises Fréquentations 
Ce disque est une petite merveille de légèreté et d'intelligence. Katerine invente une pop qui lui ressemble, inspirée des mélodies et des arrangements de Michel Legrand et de l'humour d'une Brigitte Fontaine. Depuis, le chanteur insaisissable a pris une autre direction qu'on ne pourra que regretter à l'écoute de ce bijou, qui reste quoiqu'on en dise ce qu'il a su faire de plus abouti. 

4- Belle & Sebastian - Tigermilk 
A l'époque de la première sortie de "Tigermilk", peu de gens savaient. Il faut dire que le disque n'avait d'abord été tiré qu'à quelques centaines d'exemplaires. Puis, il a fallu, le suivant, le désormais classique "If You're Feeling Sinister" pour que le talent de ces écossais-là éclatent au grand jour. Leur apogée se prolongera jusqu'à la fin des années 90, multipliant les sorties de disques de quelques formats que ce soit. Il y avait alors une identité forte, l'impression pour tous les ados fans de pop et mal dans leur peau (pléonasme?) qu'ils détenaient enfin depuis la séparation des Smiths un groupe qui leur correspondait. 

3- Suede - Coming Up 
Suede perdait de sa folie avec l'abandon de la guitare teigneuse et romantique de Bernard Butler, pour gagner une guitare plus directe et un clavier. Le résultat : une machine à tubes pop néo-glam d'une incroyable efficacité. Le problème, c'est que la brit-pop touchait déjà à sa fin et Suede n'intéressait plus grand monde. Pourtant, avec leur nouveau disque à paraître très bientôt, c'est à cette musique-là que la bande de Brett Anderson essaie de revenir. Un signe. 

2- Deus - In A Bar, Under The Sea
Depuis ce "In a bar, under the sea", on ne se moquera plus jamais du rock belge. Parce que comparé au rock encore un peu adolescent de Noir Désir, celui de Deus affichait une impressionnante maturité, portée en cela par une pléiade de personnalités talentueuses. Ensuite, Tom Barman, ayant fait le ménage, prendra seul les rênes, leur musique gagnant en homogénéité, ce qu'elle perdra en mystère. Car, "In a bar, under the sea", à l'image de son titre, a dû en effet être écrit dans un bar, mais pas sur cette planète. Preuve qu'on a beau être voisins, on ne comprendra jamais complètement les belges. 

1- Belle & Sebastian - If You're Feeling Sinister
"If You're Feeling Sinister", même les amerloques en sont tombés en pâmoison, à l'image de Pitchfork qui vient de publier un documentaire visible ici, rien que sur le disque. Peut-être est-ce dû au festival "All Tomorrow's parties" initié par leur chanteur, Stuart Murdoch, en 1999, dans lequel le public comme les groupes invités par l'un d'entre eux (en mai prochain, ce sont les Yeah Yeah Yeahs et Grizzly Bear qui régalent) se retrouvent tous en ensemble dans une sorte de camp de vacances ? On ne s'étonne pas qu'une telle idée ait pu germer dans le cerveau de Murdoch, car on l'imagine bien comme ancien boy-scout. Sinon, "If You're Feeling Sinister", c'est comme son titre l'indique... Le poison et son remède. Un classique, je vous dis.

Commentaires

  1. Encore une sélection fort recommandable. Je m'étonne juste de voir Jay-Jay Johanson figurer en 1996, je l'aurais plutôt placé en 1997 mais je me trompe peut-être. Et comme le veut le jeu des playlists, je me permets de donner également mon petit classement personnel :
    10. Cat Power - What would the community think
    9. Mark Eitzel - 60 watt silver lining
    8. Smog - The doctor came at dawn
    7. Jeremy Enigk - Return of the frog queen
    6. Sophia - Fixed water
    5. Eels - Beautiful freak
    4. Belle & Sebastian - If you're feeling sinister
    3. The Divine Comedy - Casanova
    2. Diabologum - #3
    1. Beck - Odelay

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jay-Jay Johanson en 1996, bah, en fait, c'est juste que j'ai pris les "vraies" dates de sortie des disques et pas uniquement celles en France. Car je crois que "Whiskey" est effectivement sorti en 1997 chez nous.
      Pour le reste, "Odelay" n'est bizarrement pas mon préféré de Beck, trop bordélique, et au "#3" de Diabologum, je préfère aussi nettement le dernier solo de Michel Cloup, plus adulte.
      Quant à Jeremy Enigk, inconnu au bataillon.
      Belle sélection aussi...

      Supprimer
  2. Et les Cocteau twins? Pas trop votre tasse de thé?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les Cocteau Twins, si, j'aime bien, mais je préfère leurs disques des années 80.

      Supprimer
  3. Sélectio(s) très intéressantes et je m' y retrouve en grand epartie même si je ne connais pas tout..

    RépondreSupprimer
  4. Très joli top, les deux premiers du classement sont en effet incontestables... Mon top à moi :

    1 : Belle and Sebastian "If you're feeling sinister"
    2 : Deus "In a bar, under the sea"
    3 : Aphex Twin "Richard D. James album"
    4 : Noir Désir "6666667 club"
    5 : Eels "Beautiful Freak"
    6 : Archive "Londinium"
    7 : Nick Cave & The Bad Seeds "Murder Ballads"
    8 : Belle and Sebastian "Tigermilk"
    9 : Beck "Odelay"
    10 : Jean-Louis Murat "Dolorès"



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Proche du mien finalement. J'ai hésité à y mettre "Odelay" et "Dolorès".

      Supprimer
  5. Encore une fois, un magnifique top 100 % Indie Rock/Pop !! Même si j'ai beaucoup des disques que tu cités, mon année 1996 à moi serait à peux prêt celle-ci (sans ordre) :

    Noir Désir - 6666667 club
    Belle and Sebastian - If you're feeling sinister
    Nick Cave & The Bad Seeds - Murder Ballads
    Trash Can Sinatras - A happy pocket
    Stereolab - Emperor Tomato Ketchup
    Beck - Odelay
    Labradford - Labradford
    Cat Power - What would the community think
    DJ Shadow - ...Endtroducing
    Wilco - Being There

    A +




    RépondreSupprimer
  6. Très sympa ces tops albums, le Eels et le premier album de Placebo sont deux grands albums des années 90.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Grandaddy & The Lost Machine Orchestra - Paris, le Trianon - 20 avril 2022

Enchaînement de concerts avec un quatrième en trois semaines. Celui-là, je l'avais coché il y a quelques temps déjà. Mais maman n'étant pas grande amatrice du groupe, je l'avais mis en " stand-by " (" Bye-Bye ..."). Et puis, il aura fallu qu'au détour d'une soirée entre parents le sujet soit mis hasardeusement sur la table pour qu'on prenne nos places, à la dernière minute ou presque. Grandaddy, c'est la période bénie de la pop américaine au mitan des années 90-2000. Avec les Flaming Lips (le groupe existait bien avant mais leurs meilleurs disques sont sortis à ce moment-là), Mercury Rev et Sparklehorse. Un quatuor pour l'éternité et au moins quatre chefs d'oeuvres de suite : " Deserter's songs " en 1998, " The Soft Bulletin " en 1999, " The Sophtware Slump " en 2000, " It's a wonderful life " en 2001. On pourrait même rajouter Wilco en 2002. Ce soir-là, au Trianon, magnifique écrin

Panda Bear & Sonic Boom - Reset

" Reset " ? Pas vraiment aurait-on tendance à penser de prime abord. On reconnaît tout de suite Panda Bear dès les premières notes et le chant si caractéristique. Le génie mélodique derrière Animal Collective, c'est lui. Le style de Sonic Boom apparaît ici plus diffus, en filigrane. Les quelques arrangements psychés, c'est lui. Il faut dire que derrière le foisonnement sonore de Noah Lennox, le nom à la ville de notre Panda, difficile de se faire une place. Après le retour inespéré de son groupe à un niveau d'excellence avec " Time Skiffs " paru en février dernier, il en profite pour sortir un disque avec un ami de longue date. Les deux artistes se connaissent depuis plusieurs années, en tant que réfugiés en terre portugaise. L'ancien membre de Spacemen 3 n'a pas connu le même succès que son ex-compère parti formé Spiritualized pour le bonheur que l'on sait. La musique de Peter Kember est plus modeste que celle de Jason Pierce, mais ce n'

Nick Cave & The Bad Seeds, Kraftwerk, The Liminanas, Los Bitchos, DIIV, Aldous Harding, etc - Festival Rock en Seine - 26 août 2022

On ne pouvait pas finir l'été sans un festival. Bon ok, on avait été au Harbour Bristol Festival, mais celui-là était en plein centre ville, on n'y retrouvait pas vraiment l'ambiance d'un festival classique. On a donc joué au plus court de chez nous : Rock en Seine au parc de Saint-Cloud. D'autant que la programmation, cette année, était plutôt alléchante. On sentait que les programmateurs voulaient rattraper ces deux années perdues en raison du COVID. Le jeudi était dédié au rock pour "jeunes", même si peu d'entre eux écoutent encore du rock, avec la jeune garde britannique, Yard Act, Fontaines DC, Idles et comme tête d'affiche les valeurs sûres d'Arctic Monkeys. On avait plutôt choisi avec maman, le rock pour "vieux", avec la date du vendredi. Et oui, on assume complètement notre âge. On est arrivé presqu'à l'ouverture, en tout cas pour les premiers concerts. Les Bretons de Gwendoline - un rennais, un nantais, pour la paix