Accéder au contenu principal

Jockstrap - I Love You Jennifer B


Georgia Ellery, sous ses allures proches de la belge Angèle, est une surdouée de la pop made in UK. En plus d'être là violoniste de l'épatante troupe Black Country, New Road, elle est la moitié du duo Jockstrap. Leur premier album "I Love You Jennifer B" est un ovni musical comme on n'en entend peu. Charriant les styles avec une dextérité impressionnante, on sait le disque promis à de très nombreuses écoutes pour essayer d'en saisir toutes les nuances, toutes les bifurcations. C'est bien simple aucune chanson ne se ressemble. Et à l'intérieur même des morceaux, les directions ne sont jamais linéaires, les structures constamment complexes. On est aux antipodes des gredins de The Garden. Ici, c'est la sophistication poussée à son paroxysme. L'album pourrait ressembler à un vain exercice de style. Il n'en est rien car il contient tellement d'idées, ne se refuse presque rien et puis la voix d'Ellery est au diapason du reste, ajoutant une dose d'émotion bienvenue. Du classicisme classieux de "What it's all about" à la house agitée de "50/50" en passant par les sons orientaux de "Debra", Jockstrap n'a pas peur du grand écart musical et du claquage cérébral. 
Je n'ai pas encore parlé de Taylor Skye, l'autre membre, bidouilleur de sons et bien plus que simple accompagnateur. Les deux se sont rencontrés à la Guidhall Music of School and Drama de Londres. On comprend bien qu'on est plus dans l'élitisme que chez Angèle. Il y a décidément en Grande-Bretagne toute une nouvelle génération effrontée, qui a déjà réussi à digérer, à vingt ans à peine, plusieurs décennies de musique et est capable d'en restituer une synthèse très personnelle. "I Love you Jennifer B" s'inscrit dans cette mouvance-là. L'histoire dira si tous ces jeunes gens marqueront durablement leur époque. C'est tout le bien qu'on souhaite à la musique et à l'époque. 




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,