Voilà un groupe dont je parle seulement maintenant, dix ans après ses débuts, alors qu'il a annoncé cette année que "Kumoyo Island" sorti au mois de mai sera son dernier album. Kikagaku Moyo, comme son nom l'indique, est une formation japonaise. Oui, j'écris très peu sur la musique du pays du soleil levant, alors qu'il compte quantité d'artistes passionnants - Fishmans ou Nujabes, pour ne citer que ceux qui m'ont jusqu'ici le plus marqués. Un jour peut-être je m'attèlerais à cette tâche. Kikagaku moyo signifie en japonais motifs géométriques, comme pour signifier qu'il s'agit ici de musique abstraite, incitant à la rêverie, à l'évasion. En voyant la dégaine du groupe, on les imagine restés bloqués dans les années 70, comme des enfants de Damo Suzuki, légendaire chanteur de Can et accessoirement une des rares idoles de feu Mark E. Smith ("I am Damo Suzuki"). Leur style musical est un étonnant maelstrom sonore, mélangeant le rock psychédélique, le krautrock, la folk, la musique traditionnelle japonaise, l'ambient et parfois quelques guitares heavy metal. Je vous mets au défi de vous défaire de l'entêtant premier morceau "Monaka" qui devrait logiquement trotter dans votre tête pendant un long moment après son écoute.
On reste subjugués devant une telle liberté, une telle variété de pistes, un tel champ des possibles. On peut les voir comme la version japonaise des fous australiens de King Gizzard & the Lizzard Wizard. "Kumoyo Island" est effectivement une île et le fait de savoir qu'il n'y en aura plus d'autres semblables nous la rend encore plus précieuse.
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