Accéder au contenu principal

Mes indispensables : Lou Reed - Berlin (1973)


Bon, aujourd'hui, difficile de passer à côté, on commémore le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Alors, pour tomber pile-poil raccord avec l'actualité, je vais parler ce matin, dans mes indispensables, du chef d'oeuvre de Lou Reed, "Berlin" sorti en 1973, album conceptuel racontant l'histoire d'un couple de junkies, Caroline et Jim, sur fond de "rideau de fer". Ce disque est passé un peu inaperçu à l'époque, ne renouvelant malheureusement pas le succès de son précédent "Transformer" écrit en collaboration avec Bowie. Pourtant, quelques décennies plus tard, c'est sans doute ce "Berlin" que l'histoire retiendra ou plutôt que son auteur a retenu. En effet, c'est ce disque que Lou Reed a rejoué dans son intégralité lors d'une récente tournée. Tournée à laquelle j'ai pu assister et qui m'a malheureusement, profondément déçu - et aussi accessoirement vidé mon portefeuille -. Lou Reed - à l'instar d'un Polnareff chez nous, toute autre comparaison mise à part - a fait de la gonflette, est devenu plus musclé, autant physiquement que musicalement. Son concert y a donc gagné en testostérone, ce qu'il a perdu en fragilité et émotion. Non, le "Berlin" que j'admire, ce n'était pas ça : ce guitariste insupportable, qui l'accompagnait, avec ces solos de guitare très "hard rock FM", cette mise en scène à l'américaine, et cette musique "en force", sans finesse. Ce n'est pas ces "Lady Day", "Mens Of Good Fortune", "Caroline Says I", etc, que j'écoutais en boucle seul chez moi et qui me touchaient toujours autant malgré les années. Un grand disque de pop orchestrée et poétique mais malade, tordue, triste et sans espoir. Le compagnon idéal des coups de blues ou autres coups de "moins bien". Mais cela est sans doute bien loin du Lou Reed actuel. Il ne faut sans doute jamais essayer de faire revivre sa jeunesse.
En faisant le parallèle avec l'anniversaire de la chute du mur, si finalement, on en parle autant aujourd'hui, c'est aussi peut-être parce que c'est quelque chose qui nous manque désormais, ce besoin de révolte, de communion populaire, cette recherche de noble combat. Avec sa tournée "Berlin", Lou Reed avait aussi envie de fêter cette sorte de "paradis perdu", son inspiration disparue. Ce confort d'adulte "petit-bourgeois" a remplacé sa jeunesse rebelle. Mas heureusement pour lui, cette dernière restera tout de même éternelle, grâce à des disques comme "Berlin".

Extrait de "Lady Day", lors de la tournée "Berlin", film réalisé par Julian Schnabel avec Emanuelle Seigner.


"Berlin" en live en 1972 :


Commentaires

  1. Ce disque est effectivement très bon. Et pourtant je n'ai jamais écouté beaucoup Lou Reed ni le Velvet Underground... Etrange peut-être... mais c'est avec des chansons comme Caroline Says que je pourrais tomber dans la marmite.

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,