Accéder au contenu principal

Mes indispensables : The Smiths - The Queen Is Dead (1986)

Comment parler des Smiths aujourd'hui ? Comment parler d'un groupe qui a squatté presqu'exclusivement ma chaîne hi-fi pendant une année entière, reléguant au placard tous mes autres disques - il faut dire qu'à l'époque, j'écoutais Genesis, Dire Straits ou encore Queen : god blessed Morrissey ! Je découvrais donc les Smiths, malheureusement sept ans après leur séparation, à la fin de mon adolescence. Les Mancuniens sont d'ailleurs souvent considérés comme une formation très liée à cette période de la vie, parlant à coeur ouvert à tous ces jeunes adultes en devenir, un peu timides, gauches, ne sachant pas comment faire, surtout avec les filles. "Shyness is nice" nous confiaient-ils justement sur l'éternel "Ask", comme une libération pour une toute une jeunesse en proie au mal être et éprouvant les pires difficultés à trouver sa place dans la société et dans la vie en général. Morrissey, ce romantique misanthrope, agissait alors comme un grand frère, sachant trouver les mots justes pour parler à tout un chacun et délivrer ainsi les clés pour ouvrir les portes restées jusque là désespérément closes : "Send me your pillow, the one that you dream on and I'll send you mine". Il nous avouait aussi que le beau gosse de la classe, celui que tout le monde enviait, n'avait pas forcément une vie meilleure que la nôtre ("If you're so very good-looking, why do you sleep alone tonight ?") à l'image du Alain Delon agonisant sur la fameuse pochette de "The Queen Is Dead".
Depuis la fin prématurée du groupe et une discographie en tous points exemplaires, Morrissey poursuit laborieusement une carrière en solo, qui connaîtra malgré tout quelques hauts ("Vauxhall And I" ou encore le plus sous-estimé "Southpaw Grammar"). Mais souvent mal entouré - n'est pas Johnny Marr qui veut - sa musique n'aura plus la légèreté et la fraîcheur d'antan. Les années ont donc passées, nous sommes devenus responsables, majeurs et vaccinés, avons aussi gagné en assurance (si, si, un peu quand même !) mais, à l'écoute de "The Queen Is Dead", le chef d'oeuvre incontestable des Smiths,  et de ses dix classiques instantanés, on s'aperçoit finalement que rien n'a foncièrement changé car c'est toujours cette même envie de replonger inlassablement la tête la première dans ce bain de jouvence qui prédomine. L'adolescence, cet âge des possibles : "I know it's over", peut-être, mais malgré tout, "There is a light that never goes out". Définitivement.

Clip de "There Is A Light That Never Goes Out" :

Commentaires

  1. Cultissime et tellement spécial.

    RépondreSupprimer
  2. Ce qui a changé surtout depuis, c'est que tu n'écoutes plus Genesis, Dire Straits & Queen (Aïe !) Bon, je te charrie gentiment :)

    Moi, je me rappelle m'être fait moquer par fans des Smiths, plus âgés que moi et très sûrs d'eux en 86 chez un disquaire : j'y venais acheter le live de U2 "Under A Blood Red Sly"...

    Difficile sinon de choisir un album préféré parmi leur disco, les 4 sont indispensables !

    RépondreSupprimer
  3. @JP : C'est vrai, je n'écoute plus ces groupes, mais avant, c'était même pire. La preuve en image ici !
    Et oui, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents qui écoutent les Beatles...
    Ne jamais oublier d'où l'on vient ;)
    Pour les 4 disques studio des Smiths, celui-là est quand même le meilleur, même si j'ai aussi un faible pour le dernier "Strangeways here we come", les 2 premiers ayant moins bien vieilli, enfin, c'est un avis perso.

    RépondreSupprimer
  4. @ Vincent : ah ouais ! Cette "chronique honteuse" m'avait échappé. J'ai revu quelques extraits des vidéos : très, très drôle ! (Je ne me remets pas du chanteur de Scorpions, sa casquette en cuir, son sifflement...)

    Tu sais, les goûts musicaux ne se transmettent pas forcément par hérédité... et heureusement ! Sinon, je serais devenu fan de feu Pascal Sevran :-)

    Avant Cure & U2, j'ai bien dû écouter quelques daubes mais j'ai refoulé tout ça. Je me rappelle par ex. Sandra ou A-ha... Chut !

    Moi aussi j'avoue un faible pour le dernier album des Smiths. Mais à leur sujet, je préfère raisonner en termes de chansons. Et des bonnes, il y a en sur TOUS leurs LPs !

    RépondreSupprimer
  5. Très bon choix, excellent album :-)

    RépondreSupprimer
  6. Ta chronique m'a beaucoup ému.
    J'ai le même sentiment en écoutant The Smith. C'est ma jeunesse (j'ai détesté avoir 20 ans).
    Qu'est ce que j'aime ce groupe encore maintenant il ne se passe pas une semaine sans que je l'écoute. Et je le fais écouté à mes filles (4 et 6 ans) qui adorent sa voix si particulière.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Mark Pritchard & Thom Yorke - Tall Tales

Oui, je sais, je ne suis pas très productif ces derniers temps... Une nouvelle fois, plus le temps, plus l’envie. J’avoue même écouter moins de musique. Heureusement, il y a quelques nouveautés qui me donnent toujours envie d’y revenir. Les productions de Thom Yorke quelqu’elles soient - Radiohead évidemment dont on annonce une sortie d'ici fin de l'année, en solo ou avec The Smile - en font partie. Le voici en duo avec Mark Pritchard, musicien australien de cinquante ans dont j’admets ne rien connaître. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, encore que, pas si éloignée de celle de Kraftwerk. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, notamment, sur " Beautiful People " extrait de l’album " Under the sun " de l’australien paru en 2016. Cette nouvelle collaboration permet au chanteur de Radiohead de signer son premier diqque sur un label qu’il vénère depuis longtemps, Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, etc).  Et je dois dire q...

Luke Haines & Peter Buck - Going Down To The River... To Blow My Mind

" It’s the end of the world as we know it and i feel fine " nous chantait déjà REM en 1987. Les années passent et ce sentiment s'élargit. Devant une actualité toujours déprimante, nous sommes de plus en plus nombreux à préférer l'indifférence, pour nous protéger, rester "en vie". C’est sur ce constat défaitiste et aussi sur une même accointance pour les guitares tranchantes que Peter Buck et Luke Haines ont décidé d’écrire des disques à 4 mains. Pour ceux qui ne savent pas qui sont ces deux individus, le premier n’est rien d’autre que l’ancien guitariste de REM, le second est l’ancien chanteur de The Auteurs. Tous deux sont responsables d’une palanquée de mes classiques personnels. " Going down to the river... to blow my mind " est déjà leur troisième album commun. J’avais quelque peu fait l’impasse sur les deux premiers, à tort. En tout cas, ce nouveau présente une liste de titres impeccables dans la droite lignée des premiers disques de The Auteu...