Un mois sans parler de Dominique A, ça commençait à faire beaucoup, non ? Surtout que l'actualité du chanteur est toujours aussi dense. Une bande dessinée qui est le prétexte du jour, même si elle est réussie et indispensable à tout fan dont je fais évidemment partie. Et la Victoire de la musique. Vous l'aurez constaté cette année, je ne vous ai pas fait voter pour mes propres victoires, les vraies ressemblant pour une fois, très fortement à celles que j'aurais pu proposer. Jusqu'au vainqueur, donc. Dominique A est maintenant officiellement adoubé par ses pairs, lui, qui, il y a plus de quinze ans, se moquait ouvertement de ce genre de cérémonies. La profession a-t-elle changé ou est-ce le chanteur, qui allait même lors de la remise de son prix laisser un message de soutien à la multi-nationale Virgin-Megastore en pleine faillite ? Très bien, mais quid des nombreux petits disquaires indépendants qui se battent chaque jour pour tenir debout ? Dominique A a soigné son discours, comme sa musique - il est devenu "Mainstream" ? - "Vers Les Lueurs" est son disque le plus commercial et par voie de conséquence, celui qui a rencontré le plus de succès. Faut-il pour autant flinguer un artiste que l'on défend becs et ongles depuis des années ? Non, évidemment. Je serais mal placé pour dire le contraire : "Vers Les Lueurs" a été classé ici en troisième position de mes disques préférés de 2012. Pourquoi ? Parce que, malgré son aspect plus amical et immédiat, la musique de Dominique A reste belle et classieuse et ses prestations scéniques de plus en plus fortes. Alors, que lui, obtienne enfin une reconnaissance à si grande échelle, cela fait évidemment quelque chose. Même s'il faut aussi relativiser la portée d'une telle récompense. Elle fera sans doute venir à lui, quelques curieux profanes, désireux d'en connaître davantage sur le monsieur, mais ces Victoires de la musique sont aussi considérées par une partie des médias et donc du public comme une auto-célébration de l'élitisme parisien, et de la bobo-attitude. Car des artistes comme Dominique A, Barbara Carlotti ou Rover ne passent presque jamais sur les grandes chaines de télévision et de radio. Pourtant, le chanteur a décroché pour la première fois de sa carrière un disque d'or, ce qui, en ces temps difficiles pour l'industrie musicale n'est pas un mince exploit, et il remplit régulièrement des salles de plusieurs milliers de personnes, un peu partout en France, et pas seulement à Paris. Les poches de résistance à la soupe imposée par le diktat culturel des grands médias s'amplifient. Ce n'est pas, quoique certains veuillent le penser - jusqu'au Front National et leur discours sur les bobos, le mal absolu -, seulement qu'un épiphénonème parisien. Si bobo c'est ça, lutter contre l'obscurantisme, vouloir à tout prix se maintenir la tête hors de l'eau, garder l'indépendance de ses choix, ne pas se laisser guider bêtement, alors oui, je veux bien en être. Car c'est en s'attaquant à la culture que la plupart des dictatures ont commencé leurs basses oeuvres d'embrigadement des peuples. Tout ça n'est pas si anodin. Donc, la "branchouille" plutôt que la "franchouille", comme le résume Dominique dans sa récente interview dans les Inrocks...
Après ce que je viens de dire, le titre de la récente bande dessinée "J'aurais ta peau, Dominique A", clin d'oeil au "Il ne faut pas souhaiter la mort des gens" de l'auteur - ne paraît pas si farfelu. Grâce à sa récente Victoire de la musique, le chanteur est malgré lui et plus que jamais propulsé porte-parole d'une génération de chanteurs et chanteuses français de qualité. Celle qui place la musique au centre de leur oeuvre, avant toute considération financière, même si chacun sait que l'un va rarement sans l'autre. Il reprend la place laissée vacante depuis la disparition de Bashung.... Mais, la bande dessinée prend un ton plus léger et décalé et la raison de cette menace de mort s'avérera plus superficielle. N'empêche, le livre est une belle réflexion sur la création et le rapport au succès. On y retrouve aussi son ami Katerine, qui lui, a déjà rencontré la "vraie" réussite commerciale en versant allègrement dans la parodie depuis son célèbre "Louxor, j'adore". Une fantaisie qui en dit donc plus qu'il n'y paraît et qui m'a en tout cas inspiré cette tartine plus longue que de coutume...
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